Bonheur

 Bonheur


Que signifie réellement ce mot, existe-t-il vraiment un moment où ce mot prend sens dans la vie d’un homme, n'est-il pas juste là une promesse illusoire censée nous raccrocher dans ce monde fou, où l’on pend entre malheur et ennui tels que le décrit la philosophie de Schopenhauer, la vie d’un homme n’est qu’une lutte pour l’existence avec la certitude d’être vécu.


Certains moments dans la vie, on croit dur comme fer ressentir du bonheur, d’un revers brutal et cruel on l’a ressent du plus profond de nos entrailles, elle revient plus forte que jamais sans rien demander en retour, un vide sidéral en nous, plus profond que le précédent. Nulle mot ne peut décrire ce que l’on ressent à ce moment et ce bonheur ressenti hier se transforme en notre bourreau souriant du coin de la bouche attendant avec impatience juste le bon moment pour nous décapiter, nos souvenirs de moments heureux nous obscurcissent plus la vie que nos malheurs passés.


C’est peut-être moi qui sais le mieux pourquoi seul l’homme rit, lui seul souffre si profondément qu’il a fallu inventer le rire, il n’y a pas de rire plus sincère que celui tiré de son propre malheur, l’on a toujours une meilleure appréhension de nos moments de malheur que de bonheur parce qu’elle oui nous définit avec plus d’authenticité, parce qu’elle nous place devant nos propres faiblesses à nu.


Le bonheur est un sentiment que l’on ressent et que l’on trouve en même temps irréel et l’on s’accroche souvent à ça d’autant plus que ce n’est pas le doute qui nous rend fous, mais la certitude, et quand on vit un malheur dans notre existence, il n’y a rien de réel et certain que ce sentiment, du fait qu’elle nous accompagne depuis notre arrivée dans ce monde et jusqu’à la toute fin, elle est là présente et trouvant toujours le meilleur des moyens pour s’ancrer davantage dans nos âmes d’âne au fer rouge.


Quand l’on possède tout ce dont l’on rêve, est-ce le bonheur ? Non, je ne crois pas, on finit seulement par s’ennuyer de nos avoirs, et quand l’on ne possède rien, on est malheureux du manque. De là, on pourrait se demander où se trouve le bonheur dont on rêve tant. Est-il là que pour un bref instant ? N’est-il pas le plus grand des malheurs que le bonheur ne soit qu'un passage entre malheur et ennui ? On nous décrit un mot tel qu’il devrait être, mais qui n’existe pas. Alors que si elle décrit tel qu’elle est, elle n’aurait jamais dû exister. L’homme cherchant le bonheur dans tel monde marche sur une corde tendue entre la folie et la raison.


Le fou court après les plaisirs de la vie et trouve la déception, le sage, lui, évite les maux, ni aimer, ni haïr : voulant la moitié de toute sagesse, ne rien dire et ne rien croire : voilà l’autre. On peut se préparer à un malheur dans le bonheur, le malheur ne nous prépare nullement à un bonheur, il nous enseigne juste la vérité et la grave au plus profond de notre âme pour que l’on ne puisse jamais oublier cette leçon. L’on oublie facilement un moment de bonheur que de malheur parce qu’il est là et attend juste que notre bonheur nous le rappelle.


Mais en même temps, se tenir le plus loin possible du bonheur n’est-il pas là de la lâcheté, de peur d’un plus grand malheur ? Vivre, c’est souffrir ; survivre, c’est trouver un sens à cette souffrance. Nietzsche ne disait-il pas qu'il faut porter du chaos en soi pour accoucher d’une étoile ?


« Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même. Et quant à celui qui scrute le fond de l'abysse, l'abysse le scrute à son tour. » Friedrich Nietzsche.

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